mercredi 21 novembre 2018

La soupe harira, une « soupe repas » vraiment réconfortante !

La cuisine fait partie de ces petits plaisirs de la vie ! Et à Montréal, vous serez sûrement d'accord avec moi, on est quand même pas mal choyés. Avec l’apport des différentes vagues d’immigration, on peut trouver un grand choix d’alimentation et de cuisines vraiment très variées. Il suffit de se promener au milieu des étals du marché Jean-Talon, entrer dans des épiceries de produits exotiques de Côte-des-Neiges ou s’attabler à une table d’un resto de quartier pour constater cette énorme diversité. J’ai souvent envie de découvrir ces cuisines d’ailleurs et essayer de temps en temps, avec réussite ou pas, une nouvelle recette. Bibimbap coréen, Poke bowl hawaïen, Ceviche péruvien ou Sauce graine ivoirienne…les idées ne manquent pas mais il faut parfois que je fouine pour trouver certains ingrédients et épices. Un passe-temps réellement amusant et qui satisfait ma curiosité !

Au travers des voyages, on trouve également de quoi s’inspirer ! Au Maroc, il y a par exemple une variété de plats que j’adore comme les célèbres tajines et la soupe harira, une « soupe repas » très typique, préparée habituellement au cours du mois de ramadan. Cette soupe est très réconfortante, idéale à préparer en cette période de froid hivernal, et c’est la recette que je vous propose aujourd’hui de faire avec vous !  

Pour commencer, voici les ingrédients que vous devez réunir 
(pour environ 10 bols de soupe) : 

  • 300 gr de cubes de bœuf que l’on découpe en très petits morceaux
  • 1 tasse de lentilles vertes ou brunes
  • 1 grosse boîte de pois chiches
  • 1 grosse boîte de tomates broyées style Aylmer ou autre
  • 1 cuillère à soupe de pâte de tomate
  • 3-4 branches de céleri hachées finement
  • 1 gros oignon haché finement
  • 1/2 botte de coriandre hachée finement
  • 1/2 botte de persil plat italien haché finement
  • 1 cuillère à café de curcuma ou ras-el-hanout (mélange d'épices marocaines)
    N-B : Pour le ras-el-hanout, je suis chanceux car je mets celui que ma mère me ramène chaque année du Maroc (notamment un mélange de plus de 75 épices préparé par un épicier d’Aourir à l'entrée de la vallée du paradis)
  • Un peu de sel et poivre
  • 5-6 cuillères à soupe d'huile
  • 1/4 tasse de cheveux d'ange (pâtes vermicelle)
  • L'équivalent d'un petit verre rempli de grains de riz
  • 3 litres d'eau
  • 1 cuillère à soupe de farine ou fécule de pommes de terre diluée dans un peu d'eau froide


Principaux ingrédients


Préparation: 

  • Dans un gros chaudron, versez l'huile et cuisez pendant environ 5 minutes la viande en morceaux légèrement avec le ras-el-hanout (ou le curcuma), la coriandre, le persil, l'oignon, le sel, le poivre et le céleri
  • Ajoutez 1/4 de tasse d'eau et brassez
  • Versez le reste des 3 litres d’eau
  • Ajoutez les lentilles et les pois chiches puis couvrez et cuisez 50 minutes à feu doux
  • Ajoutez les tomates et la pâte de tomate et cuisez 20 minutes à feu doux. À cette étape-ci, c'est normal, la soupe devient plus rouge
  • Ajoutez la petite quantité de riz au bout de 10 minutes
  • Éteignez totalement le feu
  • Délayez la farine ou la fécule de pommes de terre avec un peu d'eau froide et versez-la dans le chaudron puis brassez. Cela épaissit un peu mais cela ne doit pas être épais.
  • Avec le feu éteint, ajoutez les cheveux d’ange et couvrez. Rien de besoin de faire, ça cuit tout seul
...Voilà ! La soupe est prête et c'est aussi simple que ça !


Ma soupe préparée ces jours-ci

Photo prise sur la célèbre place Jemaa el-Fna à Marrakech qui le soir venu, se transforme et accueille des dizaines et dizaines de stands de bouffe mais c’est très touristique et la soupe harira n'est pas la meilleure car préparée en très grande quantité ! Si vous avez la possibilité de déguster une tajine, un couscous ou une soupe directement au sein d’une famille marocaine, c'est préférable. Sinon, préparez-là vous même car la recette que je vous donne est tellement simple à faire.

Vous avez une belle quantité de harira et vous pouvez la congeler sans problème dans des petits contenants individuels parfaits pour les lunchs ou les soirées passées au chaud à la maison. Ma fille adore cette soupe très nourrissante, très économique et très facile à faire. Alors, à vos fourneaux !

Une scène de la vie quotidienne captée sur le vif avec mon cellulaire dans la Médina de Marrakech


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Ma copine est originaire de Trinité et Tobago dans les Caraïbes, un endroit absolument incroyable pour le mélange de cultures (indienne, africaine, caribéenne, asiatique, anglaise, sud-américaine, etc.), et je vous partage le mois prochain sa recette du Trini Stew chicken (ragoût au goût sucré de Trinidad) accompagné de riz. Puis pour des apéros ou soirées autour d'un verre de rhum, le Trini Mango Chow ! Absolument délicieux !

samedi 3 novembre 2018

5 films à voir au festival Cinemania

L'affiche du festival

Peut-être êtes-vous aussi de ceux-là ! Comme chaque automne, je fais partie de ces amateurs de 7e art qui se rendent à Cinemania, le festival qui réunit à Montréal une cinquantaine de longs métrages du cinéma francophone. L’avantage, c’est qu’on peut avoir la chance de voir pas mal de films provenant de différents festivals (Cannes, Venise, Angoulême, etc.), dont certains en avant-première, et d’aller à la rencontre de plusieurs réalisateurs et vedettes ; avec entre autres, cette année, la présence de l’acteur belge Olivier Gourmet ou de Vincent Macaigne, un de mes acteurs français préférés, qui se sont exprimés tous les deux avec un peu de gêne sur leur métier jeudi soir lors de la cérémonie d’ouverture.

Révélé par les frères Dardenne et pas inconnu au Québec à cause de son rôle il y a plus de 10 ans dans Congorama de Philippe Falardeau, Olivier Gourmet vient pour la projection de pas moins de 4 longs métrages : Ceux qui travaillent, Edmond, L'échange des princesses et Un peuple et son roi. Vincent Macaigne, a priori aussi décalé dans la vraie vie que dans ses rôles, est au festival pour Chien de Samuel Benchetrit et Doubles vies d'Olivier Assayas. Parmi les films qui jalonnent la carrière de cet acteur, je vous recommande de voir entre autres Un monde sans femmes de Guillaume Brac, la Bataille de Solférino de Justine Triet ou La Fille du 14 juillet d'Antonin Peretjatko, et dans lesquels on saisit bien toute l’ampleur du personnage. Absolument irrésistible !

Sources des photos : Maudits français, TVA et Cinemania


Pour ce festival, j’ai réservé aussi ma place pour assister à une conférence avec Mathieu Kassovitz qui vient à Montréal pour la présentation de Sparring, un film où il interprète un boxeur. Connu pour son franc-parler et ses coups de gueule, c’est un rôle qui doit assurément lui aller comme un gant. Et cela promet d’être excitant ! Il ne manquera certainement pas de nous parler de cinéma et de sa double casquette d’acteur et réalisateur, puis de la Haine, un de mes films cultes !

Le film de Romain Gavras, Le monde est à toi, présenté en fin de festival pourrait d’ailleurs devenir lui aussi un film culte auprès des jeunes générations. Un film d’action à voir, avec des images bien léchées et un casting composé de jeunes et d’acteurs vedettes (Vincent Cassel, qui était justement dans la Haine et Isabelle Adjani, dans un rôle de mère de gangster un brin castratrice mais avec des airs sublimes de grande diva).

Voilà 5 films que je recommande durant le festival…

Doubles vies d'Olivier Assayas
Avec Guillaume Canet, Juliette Binoche, Vincent Macaigne et Nora Hamzawi

L’action se déroule dans le milieu intellectuel parisien, plus précisément dans le milieu de l’édition. Le film pose la question de la survie du roman papier et de la percée des livres numériques (ebooks). Léonard (joué par Vincent Macaigne) est un écrivain bohème, un peu d’arrière-garde, qui ne sait pas tracer de frontière entre sa vie privée (pleine d’infidélités) et les histoires contenues dans ses romans. Il fait face au refus de son éditeur, Alain (joué par Guillaume Canet), de le publier. Le duo Vincent Macaigne et Juliette Binoche est un pur délice.



Sofia de Meryem Benm'Barek
Avec Maha Alemi, Sarah Perles, Lubna Azabal, Faouzi Bensaïdi, Hamza Khafif, Nadia Niazi,

L’action se déroule à Casablanca. Une jeune femme célibataire fait un déni de grossesse et aidée de sa cousine, accouche en cachette d’une petite fille. Dans une société traditionnelle comme le Maroc, les femmes enceintes doivent nécessairement avoir un mari, sinon elles sont répudiées et emprisonnées. En clair, elles n’ont pas vraiment le choix. Aux yeux de la famille, il faut sauver les apparences et accepter des mariages arrangés. Ce film rend compte avec habileté de la réalité de ces femmes et passe aussi à la loupe les inégalités sociales de la société marocaine. A noter l’interprétation remarquable de Sarah Perles (rôle de la cousine), jeune étoile montante du cinéma marocain.





Le Grand Bain de Gilles Lellouche
Avec Mathieu Amalric, Guillaume Canet, Virginie Efira, Philippe Katerine, Benoît Poelvoorde, Jean-Luc Anglade, Marina Foïs

Dans cette comédie mélancolique, sorte de Full monty à la française, on suit le parcours d’une bande d’hommes pas vraiment sportifs et que la vie n’a pas épargnés, dans un défi hors du commun : former une équipe de natation synchronisée. La situation peut prêter à sourire mais ce challenge donne un véritable sens à leur vie. La tendresse, le bonheur qui s’échappent de cette histoire portent évidemment à se réjouir ! Le film réunit une pléiade d’acteurs et est depuis sa sortie un énorme succès en France. Un bon remède à la morosité !



Le monde est à toi de Romain Gavras
Avec Vincent Cassel, Isabelle Adjani, François Damiens, Philippe Katerine, Sam Spruell, Karim Leklou, Oulaya Amamra

Pour ce film d’action hyper-vitaminé avec une bande-son incroyable, Romain Gavras (fils de Costa-Gavras) a sorti le grand jeu. François (Karim Leklou), un petit dealer de banlieue, a un projet personnel : lancer une franchise Mr Freeze au Maroc et posséder son petit pavillon avec piscine.  Sur la demande de Poutine, le petit caïd de la place, il se retrouve à aller récupérer de la drogue à Benidorm en Espagne auprès d’un dealer écossais. Mais accompagné d’une vraie bande de loosers (notamment Vincent Cassel en vieux gangster obnubilé par les Illuminati), tout se passe très mal, vraiment très mal. De situations en situations, c’est punché, c’est grotesque, c’est lumineux ! On rit devant autant de gags et d’absurdité.



L’amour flou de Philippe Rebbot et Romane Bohringer 
Avec Philippe Rebbot, Romane Bohringer

Pour cette comédie, Romane Bohringer et Philippe Rebbot se sont inspirés de leur propre expérience. Après 10 ans de vie commune, ils décident de se séparer mais s’apprécient toujours autant. Alors, ils trouvent l’étonnante idée de vivre dans deux appartements l’un juste à côté de l’autre et entre lesquels une porte commune est prévue via les chambres de leurs filles. Avec beaucoup de sensibilité et d’humour, le film réinvente la question de la séparation et offre une nouvelle idée du bonheur.




Le festival se déroule du 1er au 11 novembre.

Les séances ont lieu au Cinéma Impérial, au cinéma du musée (la nouvelle salle du musée des beaux-arts), au théâtre Outremont, au cinéma du Parc et à la Cinémathèque.




mercredi 31 octobre 2018

Voyage en Martinique - 2e partie : le nord de l’île

Suite de l’épisode précédent en Martinique ! Pour la deuxième semaine dans cette perle des Antilles, nous avons quitté le sud pour rejoindre le nord de l’île, une région franchement différente et connue pour sa forêt tropicale et son relief volcanique (la fameuse montagne Pelée). Bien que la Martinique soit surnommée l’île aux fleurs, c’est avant tout ici le vert qui prédomine. Les épisodes de pluie viennent grandement renforcer les teintes de ces somptueux paysages. C’est absolument magnifique ! Les routes s’enfoncent dans une nature exubérante, la célèbre route de la Trace, tout particulièrement, bordée pendant des kilomètres de lianes et d’arbres géants. Dans le même coin, parce qu’elle était nettement plus étroite, la petite route D1 de Fonds-Saint-Denis en direction de Trinité est encore plus impressionnante ! Et les conseils de ma fille en rôle de copilote étaient super précieux. 
La région de Fonds-Saint-Denis

Côté hébergement, nous avons séjourné dans un des deux bungalows de la Location Bleu Mandarine, gérée par un jeune couple très accueillant, au Morne des Cadets tout près de Fonds-Saint-Denis. Christelle est originaire du village de Morne-Rouge, situé tout à côté et Loïc, de Bretagne. J’ai beaucoup marché dans le coin et j’ai été à même de constater que les pentes étaient raides, même très raides ! Avec des routes à 25 % parfois ! Ce qui est clair, c’est que lorsqu’on est dans le nord, les vues extraordinaires sur la montagne Pelée et les flancs des Pitons du Carbet vous font oublier les magnifiques plages du sud. Je vous assure, on est réellement dans un autre monde… 




Au hameau du Morne des Cadets, nous nous trouvions aussi juste à côté de chez Tonton Léon, un agriculteur qui a été l’initiateur du premier programme d’agrotourisme sur l’île. Visionnez ce petit reportage de l’émission Des racines et des ailes sur son jardin créole…

Location Bleu Mandarine au Morne des Cadets


Mes souvenirs et coups de cœur dans le nord :

- Le somptueux jardin de Balata où on est affolé par le nombre considérable de variétés de palmiers, de fleurs tropicales, de bambou

- La vue le matin de bonne heure sur la montagne Pelée, dont le sommet se cache rapidement dans les nuages

- Le marché de St-Pierre et les grands-mères qui sortent de chez elles avec leurs magnifiques et larges chapeaux

 - Le littoral assez sauvage. À l’anse Céron, après le port de pêche du Prêcheur, face à une mer houleuse, nous avons quasiment eu l’impression de nous être transformés en Robinson Crusoé

- La rhumerie Depaz et sa magnifique allée de cocotiers

- Le plat à la sauce chien préparé par Christelle au bungalow. Succulent !


Nous n’avons malheureusement pas pu nous rendre à Grand' Rivière à l’extrémité nord mais il n’y a paraît-il pas grand chose à faire. C’est d'ailleurs la raison pour laquelle les amateurs de tranquillité vont là-bas. Pas de halte non plus à Fort-de-France bien que le marché aux épices est un des plus importants de l’île et que j’aimerais surtout y retourner à l’époque du carnaval (qui a eu lieu malheureusement 15 jours avant notre passage). La tradition du carnaval comporte tout un tas de significations en lien avec la période de l'esclavage et la colonisation ou aux rites religieux et mystiques (jours gras, rites de descendants d'esclaves africains, etc.). De cette capitale de la Martinique, nous avons découvert, sur la route, le quartier populaire de Trenelle où les maisons accrochées aux pentes d’un morne me rappelaient les descriptions de Patrick Chamoiseau dans son roman Texaco (livre que je vous recommande absolument si vous ne connaissez pas).

Seule déception : la presqu’île de la Caravelle sur la côte Est qui, il est vrai, nous avons découverte sous la pluie. Elle est pourtant recommandée dans les guides (trois étoiles dans le guide vert Michelin).

>>>  Consultez mon album photo de la Martinique (2e semaine)

Des références avant de partir en Martinique ou aux Antilles : 

Quelques livres… 

La poésie d’Aimé Césaire
Le roman Texaco de Patrick Chamoiseau (prix Goncourt en 1992)
Poèmes, essais et romans d’Édouard Glissant
Peau noire, masques blancs de Frantz Fanon
Quelques guides touristiques

Infos générales

Le Guide du Carnaval (histoire, tradition et significations)
Comité martiniquais du tourisme
France TV 1re Martinique
RCI Antilles

Côté cuisine (...car j'adore les saveurs des Antilles)

Dans cette vidéo, 10 conseils pour des accras toujours réussis...






Quelques reportages 




samedi 13 octobre 2018

Voyage en Martinique - 1re partie : le sud de l’île

L’hiver n’est pas encore à nos portes mais aujourd’hui, je vous emmène en Martinique. Vous avez sûrement entendu parler de cette île magnifique au milieu des Caraïbes mais combien y sont déjà allés ? Sûrement très peu, vraiment trop peu. Considérée souvent comme trop éloignée et trop chère, comparativement à des destinations comme Cuba ou La République dominicaine, l’île a pourtant beaucoup à offrir et est bien loin d'être le paradis des forfaits tout-inclus. On y trouve notamment beaucoup de petits logements, style appartements, bungalows ou chambres chez l’habitant qui permettent de se rapprocher de la vie locale et des Martiniquais (des gens en passant extrêmement chaleureux). Pour bien profiter de ce paradis, il est essentiel de bien préparer son séjour et de savoir se débrouiller. Louer par exemple une auto pour parcourir les magnifiques routes de l’île ou faire les petits marchés pour cuisiner et goûter aux saveurs locales. La préservation de sa culture riche et encore bien vivace, ses bons petits plats, ses choix de rhums et d’épices et le contact avec la nature font partie de ses nombreux attraits. J'ai effectué ce voyage avec ma fille de 16 ans et elle est déjà prête à y retourner !

Les Anses d'Arlet

1re partie : le sud de l’île 

Durant notre vol de Montréal à Fort-de-France, j’ai pu d’abord constater que le chapelet d’îles que forment les Antilles sont de véritables confettis. Et quand il y a de terribles ouragans qui secouent la région, je n’ai pas peine à imaginer l’isolement que leurs habitants doivent ressentir ! Une fois à terre, l’île ne semble guère plus grande que vue du ciel mais je me suis rapidement rendu compte que nous n'allions pas nous ennuyer. À peine sorti de l’aéroport, la petite voiture louée chez GD location était déjà en vue. Au volant, la très charmante Ama nous a accueillis et expliqué deux ou trois choses importantes avant de partir (en Martinique, il faut notamment rendre la voiture super propre au terme du séjour et quand je dis super propre, c'est super propre). La clé dans le contact et les lunettes de soleil sur le nez, j’ai donc filé, accompagné de ma fille, directement vers le sud pour aller à Rivière-Pilote, un joli petit bourg qui a gardé tout son charme et son authenticité. Il se trouve qu’il a aussi sur son territoire une des plus belles plages de l’île, l’Anse Figuier avec son eau turquoise et ses poissons tropicaux. Cette plage est absolument magnifique ! Le dimanche, il y a parfois de grands rassemblements familiaux. On y croise aussi de nombreux retraités français qui séjournent en hiver plusieurs semaines ou plusieurs mois sur l’île et qui passent leur temps entre la pétanque, le ti-punch et la dégustation de délicieux sorbets coco. Moments de plaisir assurés ! 

 A Rivière-Pilote, nous avons préféré nous éloigner du brouhaha de la plage et choisir un hébergement authentique dans un milieu rural. Chez Flora Germain, une retraitée particulièrement active et engagée, avec laquelle j’ai pu longuement échanger sur la poésie d’Aimé Césaire ou discuter de sujets brûlants comme l’esclavage. Elle est présidente de l’A.D.P.K.M., une association culturelle martiniquaise. Au moment de notre passage, elle était en train d'organiser un voyage de groupe sur des lieux de mémoire de la traite négrière : Nantes, ma ville de naissance qui a un honteux passé de port négrier et l'île de Gorée, grand centre de commerce d'esclaves sur les côtes africaines. Fruit également du hasard, elle a un de ses fils qui est musicien et qui vit à Montréal ! Son gîte chez l'habitant est très simple et dépaysant. Avec en prime, pour ambiances sonores, le chant des coqs le matin et les bruits nocturnes de la forêt tropicale.


Mornes couvertes de champs de canne à sucre et de bananeraies

De Rivière-Pilote, nous avons pu rayonner la première semaine dans tout le sud de l’île jusqu’à l’est. Parmi mes coups de cœur :

 - La savane des esclaves aux Trois-îlets, un village reconstitué de cases et d’habitations traditionnelles où vous découvrirez la vie d’autrefois des Martiniquais. Ce lieu de mémoire dispose aussi d’un fabuleux jardin médicinal où on retrouve une variété d’arbres et de plantes locales dont les appellations en créole paraissent beaucoup plus imaginatives que celles en latin (A-tous-maux, Fleurit-Noël ou la célèbre Doliprane, l’équivalent français du Tylénol…vous l’aurez compris, la plante idéale pour soulager notamment les maux de tête). A noter que la visite guidée est passionnante.

- Le parc immense de l’habitation Clément où vous pourrez faire d’une pierre plusieurs coups en allant visiter ce site patrimonial et déguster le rhum de la propriété. La Fondation Clément accueille aussi d'incontournables expos d'art contemporain.

- La plage de L’Anse-Michel au Cap Chevalier. Quoi dire de plus ! Un lieu paradisiaque même si de ce côté de l’île, l’océan est parfois tourmenté. Ne pas manquer Le Cocotier, une petite cabane qui offre à manger le midi à deux pas de votre serviette et c’est super bon. Poulet Colombo et poisson entre autres au menu.
La savane des esclaves

- La plage de l'Anse Figuier à Rivière-Pilote. La plus belle plage du sud de la Martinique selon moi.

 - La route vers le Cap Diamant avec une journée aux Anses d’Arlet, un autre village antillais authentique qui apparaît sur pas mal de cartes postales.

- Le bourg de Ste-Anne. J’avais lu que c’était très touristique mais franchement, cette petite ville a quand même gardé tout son charme. Côté farniente, il y a la Grande Anse des Salines (une des plus célèbres plages de l’île) mais après s’être prélassé à l’Anse Figuier ou l’Anse Gros Raisin, je l’ai trouvée moins agréable. En soirée, dans une ruelle du centre, les connaisseurs s’attablent dans une ruelle chez Lamartine, un minuscule bar toujours bondé où on sert ti-punch et accras. Nous avons également soupé un soir à la Cour créole et le porc au caramel était divin !

- Le milieu rural et les mornes autour des villages de St-Esprit et de Rivière-Pilote


 >>> Consultez mon album photo de la Martinique (1re semaine)

Restez connecté à mon blogue car dans mon prochain billet, je vous raconte la deuxième semaine de notre voyage en Martinique. Je vous emmène cette fois-ci dans le nord, région volcanique et humide couverte de forêts tropicales. On parle aussi de quelques références incontournables si vous vous intéressez à la culture martiniquaise.

Les marchés (ici celui de Rivière-Pilote)





mercredi 10 octobre 2018

Quand l’art et la contestation s’exposent à la Galerie de l’UQAM

Je ne sais pas si vous êtes de mon avis mais la Galerie de l’UQAM me semblait le lieu tout indiqué pour accueillir Soulèvements, une exposition transdisciplinaire consacrée à l’art et la contestation. L’UQAM est comme on la présente souvent, l’université du peuple, l’université où on se passionne pour les enjeux sociopolitiques. Après une bonne tasse de thé et mon cours hebdomadaire de yoga, je me suis rendu là avec l’idée de ne pas être trop survolté et révolté par l’actualité. Contre Trump, contre le racisme, contre les injustices, contre l’espèce de fou en auto qui venait de frôler mon vélo. Fiou, avant de vous donner mes impressions, respirons profondément ! 

Pour commencer, quand je suis entré dans la Galerie, il y avait toute une classe d’étudiants en art qui étaient assis par terre en train de plancher. Je ne sais pas s’ils étaient en train de reproduire quelques-unes de ces œuvres ou s’ils tentaient de s’en inspirer mais ils avaient l’air vraiment à leur affaire. De quoi filer quelques complexes ! Donc, je vous avertis que dans ce premier billet, vous n'aurez pas forcément l'analyse d’un grand spécialiste mais néanmoins celle d’un véritable amateur d’art contemporain. Vous allez d'ailleurs pouvoir vous en rendre compte avec ce blogue, je me passionne pour pas mal de sujets et j'ai bien hâte de vous faire partager mes coups de cœur en ce qui concerne mes sorties culturelles, mes voyages et bien d'autres choses encore. 


OAS. Fusillez les plastiqueurs. Raymond Hains, 1961
Pour revenir à l'expo, je n'hésite pas à vous conseiller d'y aller car la première impression que j'ai eue devant ces œuvres, c'est de comprendre immédiatement l’importance des mots et des images dans les luttes sociales et politiques ; en particulier, les désirs, les émotions, la force et l’imagination qui poussent les peuples à « se soulever », l’implication des artistes dans la prise de parole et les figures qu’ils donnent de ces luttes. En les contemplant, on a quasiment envie d’avoir une âme de révolutionnaire comme si on devenait un peu acteur de ces scènes en plus d'être spectateur. 

Les représentations artistiques que l’on découvre sont vraiment disparates (photos, peintures, vidéos, dessins, manuscrits, gravures, collages…). Ce sont des mouvements de résistance qui ont lieu ou ont eu lieu un peu partout dans le monde et à différentes époques. Entre autres, des mouvements étudiants (Allemagne, Québec), des conflits sociaux et grèves syndicales (Mai 68), des protestations antiracistes (Black Panther, Idle no more) ou divers phénomènes d’insoumission (Printemps arabe, révolte des Républicains dans l’Espagne franquiste, luttes contre des régimes d’Amérique latine). À chaque fois, des foules en lutte pour une cause ! Comme je vous disais, les raisons de se révolter ne manquent pas. 

J’ai trouvé les affiches de la série Bocanada de l’argentine Graciela Sacco et l’œuvre Livro de Carne du brésilien Artur Barrio assez dérangeantes. Graciela Sacco montre en effet des photos de bouches grandes ouvertes en plan resserré et répétitives où elle essaie de nous interpeller face aux injustices et aux problèmes de son pays. Dans ce cri sourd, ces images inquiétantes, c’est la peur et l’impossibilité de s’exprimer que l’on ressent. L’œuvre d’Artur Barrio nous incommode également car il imagine un livre d’histoire comme tiré de la chair même du peuple brésilien. Il y a quelques images comme ça et d’autres qui paraissent plus conventionnelles. 


La série Bocanada, Graciela Sacco, 1993-2014

Certaines œuvres présentées sont anciennes comme ces couvertures réalisées par le célèbre Man Ray au début du 20e siècle pour un journal dédié aux sciences sociales et à la littérature. Si vous appréciez tout comme moi l’art de l’affiche publicitaire et la typographie, vous aimerez aussi les trouvailles lexicales et les collages de Raymond Hains. Dans une affiche déchirée et réalisée au début des années 60, ainsi que dans d’autres, il dénonce avec force la guerre d’Algérie. Le slogan OAS = SS/Fusillez les plastiqueurs, écrit en rouge et noir sur fond orange, est en particulier assez percutant ! Parmi les œuvres québécoises et canadiennes qui ont été intégrées à l’expo, il n'était pas question d'oublier non plus les luttes que nous avons eues ici, avec notamment une photo du photojournaliste Jacques Nadeau prise lors des manifestations étudiantes de 2012 ou bien des extraits du célèbre poème Speak white de Michèle Lalonde. J’ai bien aimé Soulèvements car cela rejoint mon intérêt pour l’art et la politique. L'expo est présente à la Galerie de l'UQAM jusqu’au 24 novembre. 

Si cela vous intéresse, je vous invite à visionner quelques clichés
pris lors de ma visite : 
https://bit.ly/2zUR5JC

L’exposition 

Amorcée en 2016 au musée du Jeu de Paume, à Paris, l’exposition Soulèvements a déjà été présentée dans plusieurs autres villes du monde (Barcelone, Buenos Aires et Mexico). Elle a été conçue par le philosophe et historien de l’art Georges Didi-Huberman, commissaire de l’exposition. 

La présentation de Soulèvements à Montréal est une réalisation de la Galerie de l’UQAM avec la collaboration de la Cinémathèque québécoise. Un ensemble d’activités publiques (visites commentées, colloque, conférences, présentation d’artistes) et une série de films sur diverses luttes sociales sont également à la programmation. Un catalogue de l’exposition est aussi édité. 

>>> Exposition Soulèvements
>>> Texte du commissaire de l'exposition
>>> Galerie de l'UQAM