Je ne sais pas si vous êtes de mon avis mais la Galerie de l’UQAM me semblait le lieu tout indiqué pour accueillir Soulèvements, une exposition transdisciplinaire consacrée à l’art et la contestation. L’UQAM est comme on la présente souvent, l’université du peuple, l’université où on se passionne pour les enjeux sociopolitiques. Après une bonne tasse de thé et mon cours hebdomadaire de yoga, je me suis rendu là avec l’idée de ne pas être trop survolté et révolté par l’actualité. Contre Trump, contre le racisme, contre les injustices, contre l’espèce de fou en auto qui venait de frôler mon vélo. Fiou, avant de vous donner mes impressions, respirons profondément !
Pour commencer, quand je suis entré dans la Galerie, il y avait toute une classe d’étudiants en art qui étaient assis par terre en train de plancher. Je ne sais pas s’ils étaient en train de reproduire quelques-unes de ces œuvres ou s’ils tentaient de s’en inspirer mais ils avaient l’air vraiment à leur affaire. De quoi filer quelques complexes ! Donc, je vous avertis que dans ce premier billet, vous n'aurez pas forcément l'analyse d’un grand spécialiste mais néanmoins celle d’un véritable amateur d’art contemporain. Vous allez d'ailleurs pouvoir vous en rendre compte avec ce blogue, je me passionne pour pas mal de sujets et j'ai bien hâte de vous faire partager mes coups de cœur en ce qui concerne mes sorties culturelles, mes voyages et bien d'autres choses encore.
Pour revenir à l'expo, je n'hésite pas à vous conseiller d'y aller car la première impression que j'ai eue devant ces œuvres, c'est de comprendre immédiatement l’importance des mots et des images dans les luttes sociales et politiques ; en particulier, les désirs, les émotions, la force et l’imagination qui poussent les peuples à « se soulever », l’implication des artistes dans la prise de parole et les figures qu’ils donnent de ces luttes. En les contemplant, on a quasiment envie d’avoir une âme de révolutionnaire comme si on devenait un peu acteur de ces scènes en plus d'être spectateur.
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OAS. Fusillez les plastiqueurs. Raymond Hains, 1961 |
Les représentations artistiques que l’on découvre sont vraiment disparates (photos, peintures, vidéos, dessins, manuscrits, gravures, collages…). Ce sont des mouvements de résistance qui ont lieu ou ont eu lieu un peu partout dans le monde et à différentes époques. Entre autres, des mouvements étudiants (Allemagne, Québec), des conflits sociaux et grèves syndicales (Mai 68), des protestations antiracistes (Black Panther, Idle no more) ou divers phénomènes d’insoumission (Printemps arabe, révolte des Républicains dans l’Espagne franquiste, luttes contre des régimes d’Amérique latine). À chaque fois, des foules en lutte pour une cause ! Comme je vous disais, les raisons de se révolter ne manquent pas.
J’ai trouvé les affiches de la série Bocanada de l’argentine Graciela Sacco et l’œuvre Livro de Carne du brésilien Artur Barrio assez dérangeantes. Graciela Sacco montre en effet des photos de bouches grandes ouvertes en plan resserré et répétitives où elle essaie de nous interpeller face aux injustices et aux problèmes de son pays. Dans ce cri sourd, ces images inquiétantes, c’est la peur et l’impossibilité de s’exprimer que l’on ressent. L’œuvre d’Artur Barrio nous incommode également car il imagine un livre d’histoire comme tiré de la chair même du peuple brésilien. Il y a quelques images comme ça et d’autres qui paraissent plus conventionnelles.
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La série Bocanada, Graciela Sacco, 1993-2014 |
Certaines œuvres présentées sont anciennes comme ces couvertures réalisées par le célèbre Man Ray au début du 20e siècle pour un journal dédié aux sciences sociales et à la littérature. Si vous appréciez tout comme moi l’art de l’affiche publicitaire et la typographie, vous aimerez aussi les trouvailles lexicales et les collages de Raymond Hains. Dans une affiche déchirée et réalisée au début des années 60, ainsi que dans d’autres, il dénonce avec force la guerre d’Algérie. Le slogan OAS = SS/Fusillez les plastiqueurs, écrit en rouge et noir sur fond orange, est en particulier assez percutant ! Parmi les œuvres québécoises et canadiennes qui ont été intégrées à l’expo, il n'était pas question d'oublier non plus les luttes que nous avons eues ici, avec notamment une photo du photojournaliste Jacques Nadeau prise lors des manifestations étudiantes de 2012 ou bien des extraits du célèbre poème Speak white de Michèle Lalonde. J’ai bien aimé Soulèvements car cela rejoint mon intérêt pour l’art et la politique. L'expo est présente à la Galerie de l'UQAM jusqu’au 24 novembre.
Si cela vous intéresse, je vous invite à visionner quelques clichés
pris lors de ma visite : https://bit.ly/2zUR5JC
Si cela vous intéresse, je vous invite à visionner quelques clichés
pris lors de ma visite : https://bit.ly/2zUR5JC
L’exposition
Amorcée en 2016 au musée du Jeu de Paume, à Paris, l’exposition Soulèvements a déjà été présentée dans plusieurs autres villes du monde (Barcelone, Buenos Aires et Mexico). Elle a été conçue par le philosophe et historien de l’art Georges Didi-Huberman, commissaire de l’exposition.
La présentation de Soulèvements à Montréal est une réalisation de la Galerie de l’UQAM avec la collaboration de la Cinémathèque québécoise. Un ensemble d’activités publiques (visites commentées, colloque, conférences, présentation d’artistes) et une série de films sur diverses luttes sociales sont également à la programmation. Un catalogue de l’exposition est aussi édité.
>>> Exposition Soulèvements
>>> Texte du commissaire de l'exposition
>>> Galerie de l'UQAM
La présentation de Soulèvements à Montréal est une réalisation de la Galerie de l’UQAM avec la collaboration de la Cinémathèque québécoise. Un ensemble d’activités publiques (visites commentées, colloque, conférences, présentation d’artistes) et une série de films sur diverses luttes sociales sont également à la programmation. Un catalogue de l’exposition est aussi édité.
>>> Exposition Soulèvements
>>> Texte du commissaire de l'exposition
>>> Galerie de l'UQAM
Merci de m'avoir informé que l'UQAM à une Galerie d'Art! Si tu aimes l'ART URBAIN, il y a la Galerie Fresh Paint au 221 Sainte Catherine E
RépondreSupprimerMerci Magalie. Effectivement, la Galerie Fresh Paint est aussi dans le même quartier. Une bonne adresse !
SupprimerMerci de m'avoir fait découvrir cet endroit ! Je ne savais pas que l'UQAM avait une galerie ouverte pour tous !
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